
Sudu Academy
En 2025, Sudu Connexion lance sa première promotion dédiée à la distribution de films en salle à travers 8 pays d'Afrique :
Bénin, Burkina Faso, Cameroun, Congo, Côte d'Ivoire, Guinée, Sénégal, Togo.
De février à juin 2025, nos académicien.ne.s vont aller chercher des spectateur.ice.s pour les amener en salle de cinéma.
In 2025, Sudu Connexion launches its first promotion dedicated to theatrical film distribution across 8 African countries:
Benin, Burkina Faso, Cameroon, Congo, Ivory Coast, Guinea, Senegal, Togo.
From February to June 2025, our academics will go in search of moviegoers and bring them to theaters.
1ère Promotion
Février - Juin 2025
Bandiagara, Mali, 1908 :
« Les marabouts se concertèrent pour faire échouer l'entreprise. En effet, ce « blanc » voulait non seulement faire voir aux croyants des images impies, mais il voulait le faire moyennant rétribution. C'en était plus que trop. Il fallait saboter la chose. Àl'époque ce n'était pas facile pour des Nègres de gâter une affaire de « Blanc » en pays colonisé. [...] Le grand imam s'adressa à ses pairs en ces termes : « Voici, mes frères, le grand commandant en personne nous a appelé ce matin, Babaly Hawaly, Tierno Makka, Tierno Bobo, Antioura et moi-même. Il nous a annoncé qu'un Blanc est venu pour donner une soirée récréative aux habitants de Bandiagara. Ce Blanc veut nous montrer quelque chose d'extraordinaire. Le commandant nous a expliqué en quoi consiste ce « quelque chose ». Nous avons conclu que l'attraction qu'on nous propose ne peut être qu'une séduction satanique. Si elle n'en était pas une, on n'aurait pas choisi la nuit noire pour la présenter. Or, selon le dire du grand commandant, le spectacle se déroulera toutes lumières éteintes. Pourquoi dans l'obscurité ? C'est facile à deviner. Nous savons tous que le diable n'agit que dans l'ombre épaisse. Qui ignore parmi nous que les Blancs non musulmans ont pactisé avec le diable ? Or celui qui est venu en est un, et de la belle espèce. »
La nuit du spectacle vint. Le commandant se présenta accompagné de quatres Blancs qui composaient toute la population européenne de Bandiagara. Mais il ne trouva sur place que le chef de canton, entouré des chefs de quartier et d'une dizaine de notables. Ce qui n'était pas beaucoup pour une population de 15000 à 20000 habitants. Le commandant piqua une colère de Blanc [...] : « Eh Alfa Maki ! Pourquoi les gens ne se sont-ils pas venus nombreux comme je l'avais ordonné ? Se moque-t-on de moi ou non ? Qu'est ce que c'est que ces manières-là ? » [...] Koniba Koudala avait bien appris sa réponse : « Seigneur, dis au chef de canton qu'il dise au grand commandant que tous à Bandiagara, hommes, femmes et enfants, nous avons une peur bleue du « machin » proposé à notre vue. Nous qui sommes venus, nous vivons en ce moment les dernières heures du condamné à mort. Et, si tout le monde s'en va à la débandade tout à l'heure quand le spectacle commencera, que le grand commandant n'en soit nullement surpris. Mais nous tâcherons de résister à la peur, sans néanmoins rien garantir. » La projection eut lieu, mais personne, sinon Alfa Maki qui était un homme très ouvert au progrès, n'accepta de regarder les images diaboliques. Tout le monde profita de l'obscurité pour fermer les yeux. »
BA Amadou Hampâté, Le dit du cinéma africain (1967) retranscrit dans HAFFNER Pierre dans Essais sur les fondements du cinéma africain, Dakar : Nouvelles Éditions Africaines (1978) p. 11-12
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